Suite de l’affaire Andrés

Rappel des faits

Place Arnaud Bernard

Dans la nuit du 31 mars au 1er avril 2012 un groupe d’une vingtaine de fachos composés majoritairement de hooligans du TFC, accompagnés de militants du Bloc Identitaire et de boneheads [1] ont fait irruption sur la place Arnaud Bernard. Après quelques provocations racistes [2], le groupe a saccagé la terrasse d’un kebab et  s’en est pris à la clientèle. L’agression amena une riposte unitaire de la part des témoins médusés par la violence des actes. Une foule s’empressa alors de virer la vingtaine de fascistes de la place. Dans leur fuite alors qu’ils n’étaient plus pourchassés et sans doute vexés de ne pas avoir pu faire aussi mal que ce qu’ils espéraient, les fachos ont commis l’irréparable. En effet, ils s’en sont pris à Manuel Andrés Pardo, un étudiant chilien qui rentrait chez lui après avoir assisté à un concert place Arnaud Bernard. Un coup de pied le projeta violemment au sol et fractura son crane. Le lynchage fut évité de justesse grâce à quelques témoins qui eurent les bons mots au bon moment pour que les fachos partent enfin pour de bon. Peu après l’attaque, la nouvelle de l’agression se répandit dans tout le quartier. C’est ainsi qu’une quarantaine de personnes secoués par les violences de la soirée allèrent manifester leur mécontentement devant L’Oustal, le local toulousain du Bloc Identitaire situé au 36 allées de Barcelone. Local qui est depuis son ouverture le lieu de rassemblement incontournable de l’extrême droite toulousaine. L’Oustal était sous protection policière et rien ne supposait donc que la violence s’exprime à nouveau. Pourtant l’arrivée du groupe engendra une réponse policière quasi instantanée alors qu’aucune violence ni dégradation n’avait été commise. Une vingtaine de personnes furent interpellées dont 4 placées en garde à vue. 2 personnes furent relâchées dans l’heure. Les 2 autres ne furent libérées que le 2 avril au soir non sans être passées devant un juge des libertés. En effet la police croyait détenir à ce moment là les agresseurs d’Andrés…

Bilan catastrophique de la soirée : une énième attaque de fachos, plusieurs blessés légers, des dégradations, un étudiant dans le coma entre la vie et la mort, une vingtaine de personnes apparentées antifascistes [3] interpellées dont 4 gardées à vue impliquant des poursuites judiciaires, des fachos qui une fois de plus ont fait ce qu’ils voulaient dans Toulouse en toute impunité et une police égale à elle-même…

Dés le lendemain, les amis de Manuel Andrés Pardo, le plus durement touché par le déchaînement de violence de cette soirée, se sont constitués en collectif de soutien pour que justice lui soit rendu. L’état d’Andrés s’est heureusement « amélioré », plusieurs semaines d’hôpital l’ont aidé à se remettre tant bien que mal de l’agression. Il est sorti de l’hôpital mi-juin non sans de graves séquelles, il est entre autre hémiplégique.

L’enquête sur l’agression a été confiée à un juge d’instruction assisté par des enquêteurs de la sûreté départementale. Mercredi 27 juillet 2012, une quinzaine d’interpellations ont eu lieu dans les milieux d’extrême droite. Plusieurs membres du Bloc Identitaire, des hooligans ainsi que des boneheads furent placés en garde à vue. S’en suivit une mise en détention pour l’auteur présumé du coup porté à Andrés et ayant entraîné son coma. Matthieu Clique leader du Bloc Identitaire toulousain, responsable des Jeunesses Identitaires toulousaines, responsable de l’Oustal est depuis détenu à la maison d’arrêt de Seysse.

Coup d’épée dans l’eau ?

Depuis plus d’un an, l’UAT comme d’autres, dénonce la violence croissante de l’extrême droite toulousaine. De multiples agressions, attaques, intimidations, dégradations imputées à l’extrême droite ont été commises dont plusieurs relayées par la presse nationale avec parfois un traitement médiatique scandaleux. Alors que beaucoup de personnes se sont élevées publiquement contre ces violences. Alors que la tension montait inlassablement attisée par les coups de plus en plus rudes des nervis fascistes. Alors que tout ça aurait pu se terminer bien mal beaucoup plus tôt, il aura fallu attendre un drame pour qu’une esquisse de réaction de la police et de la justice se dessine. Nous savons très bien que l’enquête n’est pas finie et qu’elle sera longue, mais le premier bilan a plutôt triste mine. On a d’un coté, plus d’un an de violences fascistes, un étudiant chilien [4] qui a failli perdre la vie et qui gardera de lourdes séquelles dues à son agression, une vingtaine de personnes menacées par la justice pour avoir eu une réaction humaine et sans conséquences violentes [5]. De l’autre coté, plusieurs mois d’enquête, un juge d’instruction, la sûreté départementale, des centaines d’auditions, des témoignages à la pelle, seulement 14 interpellations grand spectacle [6], une tête à claque qui n’a rien avoué, en préventive pour 2 ou 3 mois, et sûrement plusieurs années avant que l’affaire passe en justice avec à la clef peut être aucune condamnation. De plus, la vingtaine d’agresseurs de la place Arnaud Bernard n’est toujours pas inquiétée par la justice et à notre connaissance aucune poursuite n’est engagée contre eux à l’heure actuelle !

A nos yeux, la balance pèse encore et toujours du cotés des agresseurs, les fachos…

Aux innocents les mains pleines

Il est évident que Matthieu n’est pour l’instant que présumé coupable (ou innocent). Il est normal que son avocat, sa famille, ses amis, le Bloc Identitaire le soutienne. Après il y a l’art et la manière de le faire… Certains ne manquent pas de culot en croyant soutenir Matthieu. Si on résume la teneur des propos publics, Matthieu est une victime, Matthieu est un héros, Matthieu est un martyr déjà condamné par le système. A travers le monde, certains vont en prison ou sont tués parce qu’ils ont lutté contre la fermeture de leur usine, contre une loi injuste, contre la privation de leurs droits élémentaires, contre une dictature… Et il y a Matthieu, un petit fasciste déjà condamné pour incitation à la haine raciale qui est accusé d’avoir tabassé gratuitement un étranger qui passait à proximité à 20 contre 1. Certains n’ont même pas honte d’élever Matthieu au rang de prisonnier politique, rien de moins !

Fin du triste spectacle ?

L’incarcération de Matthieu est elle une bonne fin en soit ? Va-t-elle guérir totalement Andrés et toutes les victimes des fachos ?  Matthieu est-il à lui seul responsable de l’ensemble des violences fascistes à Toulouse ? Les fachos toulousains sont depuis apeurés et calmés pour de bon ?

A toutes ces questions nous répondrons amèrement par non. Non, ce n’est malheureusement pas fini. La vie continue chez les fascistes toulousains. Il ne serait pas fou de parier qu’on entende à nouveau parler de leurs violentes frasques [7].

 NB: Samedi 13 Octobre 2012 se tiendra un rassemblement de soutien à Manuel Andrés Pardo, place du Capitole à 14h. voir ici.

[1] Boneheads, skinheads néo-nazis.

[2] Plusieurs saluts hitlériens ont été effectués par les assaillants.

[3] On se permettra ici de les qualifier d’antifascistes à la vue du peu d’éléments dont nous disposons sur ces personnes. Nous les invitons d’ailleurs à prendre contact avec l’UAT.

[4] Les rumeurs les plus folles courent sur Andrés pour le dénigrer et ainsi le faire passer pour un agresseur… Nous répondrons que Andrés est bien le fondateur historique de l’UAT, commandant opérationnel des opérations clandestines antifascistes, qu’il était armé d’une machette, d’un pistolet à grenaille et qu’il méritait de se faire défoncer à 20 contre 1…

[5] Là encore les fantasmes sont bien loin de la réalité. Fantasmes colportés par des artisans de la haine qui veulent faire croire que des groupes armés s’affrontent la nuit à Toulouse pour des différents idéologiques. Le groupe apparenté antifasciste n’a commis aucune violence ni dégradation et n’était pas armé ce soir là.

[6] Plusieurs arrestations ont eu lieu à Toulouse mais aussi dans d’autres régions  nécessitant l’intervention du GIPN (rien de moins !) avec la présence des journalistes.

[7] Le 19 juillet dernier, ce sont les Nationalistes Autonomes qui ont encore violemment fait parler d’eux, voir ici.

Une réflexion sur “Suite de l’affaire Andrés

  1. Ping : 19/10/12: “Tourne la dos à la Haine”: Tax, homophobia and the death penalty – In The Sprawl

Les commentaires sont fermés.