Journée internationale de solidarité avec les prisonnier.e.s antifascistes

Dimanche 25 est la journée internationale de solidarité avec les prisonnier.e.s antifascistes. Venez au chat noir (33 rue puget) de 14h à 18h pour leur écrire votre soutien ! Si vous ne pouvez venir rien ne vous empêche de le faire de chez vous. Vous trouverez certaines adresses ici : https://supportantifaprisoners.wordpress.com/antifascist-prisoners/

à cette liste nous ajoutons Jonathan F, emprisonné au Portugal, à qui vous pouvez écrire par le biais de cette adresse : autodefesantifascista@gmail.com (il comprend le français).

Déconfinons nos fiertés !

Deux évènements pour commémorer les émeutes de Stonewall et continuer le combat :
  • Rassemblement – Vendredi 26 juin 19h métro Capitole (alliéEs bienvenuEs…)

Ne laissons plus personne porter atteinte à nos libertés, à nos corps, à nos désirs, à nos identités, à nos amours ! Refusons de nous taire ! Restons solidaires ! Rassemblons-nous !
Ramène tes pancartes et drapeaux !

📣 Micro ouvert aux prises de paroles : venons dire, lire, crier ce que nous vivons et avons à dire sur les violences médicales/institutionnelles, les violences policières, l’histoire de nos luttes, la gentrification, les élections municipales et la récupération politique, le classisme, le racisme et les violences intra-communautaires, le capitalisme rose et la normalisation gay.
  • Manif Queer Pride le samedi 26 juin à 19h place Belfort, en non-mixité TPBGI*!
   La crise sanitaire que nous vivons depuis plus d’un an a eu de graves conséquences sur nos vies et nos communautés. Loin de prendre la mesure de l’urgence que cela implique, le gouvernement tombe chaque jour un peu plus dans une réponse répressive et sécuritaire. Sous prétexte sanitaire, nous sommes enferméEs depuis bien trop longtemps !
   Depuis plus d’un an nous subissons un isolement grandissant qui dégrade notre santé mentale, précarise beaucoup d’entre nous, et favorise – entre autres – les problématiques d’addictions qui touchent nos communautés.
Face aux questions de santé qui touchent nos communautés : rien ou pire, toujours et encore plus de répression, notamment envers les personnes migrantes, les travailleur·euse·s du sexe et les usager·e·s de drogues
L’hôpital public est abandonné, avec des services de santé sexuelle en sous-effectif voire injoignables. L’accès au dépistage est de plus en plus compliqué et que dire de ces longs mois d’attente avant qu’enfin les médecins généralistes puissent initier une prescription PrEp ?
   Du côté des bonnes nouvelles annoncées, ça n’est pas mieux. La PMA pour tou·te·s que l’on nous promet depuis maintenant 10 ans n’est toujours pas entrée en vigueur ! Le texte est décevant, les lesbiennes ne sont pas écoutées et les personnes trans en sont carrément exclues. L’accès à la parentalité est un parcours long et incertain, et nos familles ne sont pas reconnues dans leurs diversités. Tout cela a bien sûr aussi des conséquences réelles et durables sur notre santé, sur nos vies. Nos familles et nos enfants existent, nous existons.
   Alors que les violences envers les personnes LGBTI ne cessent pas, alors que les personnes inters sont toujours mutilées , alors que les droits des personnes trans sont toujours bafoués, alors que les discriminations au sein de nos communautés sont toujours présentes (sérophobie, racisme, sexisme, putophobie), alors que la police expulse, réprime, mutile et assassine tant d’entre nous dans un climat de répression rarement égalé, alors que certain·e·s – par des opérations de pinkwashing – récupèrent nos luttes à des fins racistes, à des fins mercantiles et que nombreux sont celles et ceux qui sont prêt·e·s à les brader par opportunisme politique… Pour nos vies pour nos droits, déconfinons nos fiertés et prenons la rue !
Rendez-vous le samedi 26 juin à 19h place Belfort pour la Queer Pride, en non-mixité TPBGI*, pour une marche revendicative et festive.
Pourquoi en non-mixité ?
La Queer Pride se déroulera en non-mixité TPBGI*
Parce qu’il nous a semblé important d’être ensemble dans la rue, sans la présence de nos allié·e·s, rien que nous. Sentir notre force et aussi la montrer.
Parce qu’on pense que la non-mixité est un outil nécessaire par moments.
Parce qu’on s’est rendu compte qu’on a très peu d’espaces en totale non-mixité TPBGI et que c’est d’autant plus pertinent d’en créer un qui soit visible et pas que festif.
Parce qu’on a envie de se faire du bien et se faire plaisir, quitte à être un peu moins nombreux·ses.
Parce qu’on est sûr·e·s que nos allié·e·s comprennent et soutiennent notre besoin d’exister et de lutter par nous-mêmes et pour nous-mêmes.
Parce qu’enfin on pense que choisir et affirmer cette non-mixité est une position politique importante sans qu’on ait envie de jouer à la police des mœurs au sein du cortège.
*Trans Pédés Bi·e·s Gouines Intersexes
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Roland expulsé de sa maison par des squatteurs ? Histoire d’une fake news à la française. Par le Comité Marcel Langer – Vigilance Antifasciste – Toulouse

Nous avons reçus ce texte par mail signé d’un certain Comité Marcel Langer – Vigilance Antifasciste – Toulouse, nous le relayons ici.

Toulouse, le 3 mars 2021,

Début février à Toulouse (du 7 au 14 février 2021), la Dépêche, la mairie de Toulouse, des groupes et individus notoires de l’extrême droite radicale ont construit une fake news dans le but de manipuler des toulousain.e.s et de s’en servir pour atteindre leurs objectifs politiques.

Agressions, mensonges médiatiques, manipulation par l’extrême droite et le pouvoir local, haine anti-pauvres : tous les ingrédients d’une bonne fake news sont réunis ! Plus grave esncore, les conséquences de cette histoire de manipulation s’orientent vers des activités miliciennes et fascisantes : les anti-squatteurs ont émis des menaces contre un local associatif (qui réunit une bibliothèque féministe, un local syndical, un lieu d’entraide, de rencontre et de solidarité populaire), d’autres squats d’habitation précaires, et aussi des réseaux citoyens de gauche, et des personnes nominativement ciblées pour leur engagement dans les luttes sociales.

Les néo-fascistes n’ont certes plus de parti de masse, mais ils savent parfaitement utiliser les médias de masse pour diffuser leurs intox et leur haine dans la population.

RAPPEL DES FAITS

Acte 1

Début septembre 2020, un groupe de jeunes précaires décide d’occuper une maison abandonnée située au 83 avenue de Fronton à Toulouse. Comme à chaque fois dans cette situation, l’occupation est assez vite constatée par un huissier, un dépot de plainte a lieu et une procédure judiciaire commence, selon les lois de la République.

Acte 2

Le 3 février 2021, le gouvernement français annonce la prolongation exceptionnelle de la trève hivernale, qui empêche l’expulsion des personnes vivant en squat en plein hiver. Cette trève qui se termine habituellement fin mars est prolongée jusqu’au 1er juin 2021.

Acte 3

Le dimanche 7 février 2021, la Dépêche publie un article au titre fort, qui ne vous laisse pas indifférent : Toulouse, Roland, 88 ans, expulsé de sa maison par des squatteurs qui ont changé toutes les serrures.

En lisant cet article, on ressent de la tristesse, de la colère et beaucoup d’injustice dans cette situation (or personne n’ignore que les journalistes savent comment utiliser ces émotions pour provoquer une réaction de leur public). On a l’impression qu’une bande de délinquants professionnels est arrivée un beau jour chez Roland, qu’ils l’ont mis à la porte et ont ensuite changé les serrures. Nous verrons plus loin qu’il n’en a rien été.

L’article est soigneusement publié le dimanche, jour de lecture du journal par excellence, lectorat garanti !

Acte 4

Des individus, souvent politisés à l’extrême droite (le soralien Bassem notamment), s’emparent du sujet, le relaient sur les réseaux sociaux, en appelant à dégager les squatteurs, le tout accompagné d’appels à la violence plus ou moins masqués. Des « groupes de riverains solidaires de Roland » se mettent en place sur facebook, soi disant à l’initiative de voisins et soutiens lambdas. Des personnes qui ont lu l’article de la Dépêche cherchent à réagir et trouvent sur la toile et les réseaux sociaux ces groupes de « riverains en colère ou solidaires ».

Acte 5

Le lundi 8 février 2021 commence la présence physique des « soutiens de Roland », mélange improbable de quelques habitants et riverains du quartier, d’agitateurs politiques et de membres violents de l’extrême droite radicale, de jeunes du quartier qui n’aiment pas voir un tel attroupement de journalistes puis de flics dans leur secteur.

Des coups de pression, des insultes, parfois des « discussions » à travers le portail ont lieu. On sent que quelque chose ne tourne pas rond dans cette histoire.

Acte 6

Les médias de masse, nationaux, régionaux, presse écrite, télés, radios, tous les journalistes sont ravis de pouvoir parler d’autre chose que du Covid. Entre le lundi 8 et le jeudi 11 février, une vingtaine de médias viennent sur place, interrogent les « soutiens de Roland », filment la maison, font leur topo et repartent. L’affaire Roland est relayée partout nationalement, sur les réseaux sociaux ça circule énormément aussi, des appels à la violence fleurissent partout en France, accusant les squatteurs de tous les maux du siècle.

A ce moment là, la fake news originelle a été repris par tous ces médias sans aucune enquête ni vérification de l’information de départ.

Les médias de l’extrême droite sont aussi là, ils interviewent, font du lien avec les journalistes « professionnels », répandent encore plus de haine en idéologisant la situation : c’est la faute de l’ultra gauche, ce sont les casseurs des manifs qui vivent là, ils sont contre la famille et le travail, pro-migrants,.. Ils trustent et surfent sur la supercherie. Vous aurez compris quel intérêt ces militants de la haine ont vu dans cette triste histoire de manipulation.

Acte 7

La police commence à intervenir, pour faire tampon soi disant, et se positionne toute la journée à partir du mardi 9 février devant les squats. Elle contrôle les personnes qui viennent manifester leur soutien aux jeunes précaires qui vivent dans cette maison vide, celles qui leur apportent un peu de soutien, d’eau, de nourriture. Les individus « soutiens de Roland » ne sont eux pas controlés.

Acte 8

L’emballement est tel médiatiquement que l’affaire remonte jusqu’au sommet de l’état, où la ministère du logement « prend en charge » le dossier.

Les pouvoirs publics (état, région, département, mairie) commencent à s’activer sur cette histoire. Le maire de Toulouse Jean-Luc Moudenc interpelle le préfet pour qu’il intervienne directement, ce à quoi le préfet s’en remets à la décision de justice prise le 23 octobre 2020.

Acte 9

Les riverains fâchés/manipulés et l’extrême droite locale font monter le niveau de pression. Une personne est agressée et passée à tabac par 3 « soutiens de Roland », le matin du mercredi 10 février. C’est important de le dire, car les médias et les « pro-Roland » (comme les appelle les médias) parleront par la suite toujours d’une opération qui s’est déroulée sans violences, ce qui est une fausse déclaration, là aussi.

Des attaques nocturnes sont conduites par des commandos « anti-squatteurs » la nuit de mercredi à jeudi, avec plusieurs tentatives d’intrusion dans l’habitat occupé.

Les soutiens des squatteurs n’osent plus s’aventurer autour ou devant la maison suite aux différentes aggressions verbales et physiques des anti-squatteurs.

Sur internet, les miliciens anti-squat s’activent, constituent un groupe pour identifier et ficher les soutiens des squatteurs. Des personnes sont doxées, leur identité, leur adresse, etc, sont exposées sur internet, pour certain.e.s, leur famille est menacée. Des militants du RN 31 sont particulièrement impliqués dans ce travail de fichage.

Acte 10

Le jeudi 18 février, après des heures de négociation entre une intermédiaire et le groupe de jeunes du quartier présents depuis le début de la semaine, les squatteurs prennent la décision de partir du squat.

Après tout, avec 23 000 logements vides à Toulouse, pour 4300 personnes sans logis (DAL31), y a de quoi faire ! Malgré les heures de négociation, l’accord initial (pas de violences, pas de journalistes) n’est pas respecté, Nicolas Boutin, journaliste auto-proclamé et agitateur politique d’extrême droite arrive à approcher et filmer les squatteurs.

RÉTABLIR LA VÉRITÉ

Pour bien remettre les choses au clair et démolir la fake news produite et diffusée par la Dépêche :

– Roland n’habite plus dans cette maison depuis des années : le dernier contrat d’eau est daté de 2017

– Roland a déménagé dans un appartement dans le Tarn, pour se rapprocher de sa compagne : cette maison vide était donc une maison secondaire, pas sa maison d’habitation principale

– la maison était vide et inhabitée depuis plusieurs années, et à l’abandon depuis au moins l’été 2020

– PERSONNE N’A EXPULSÉ ou CHASSÉ ROLAND DE SA MAISON ! Roland est parti vivre ailleurs, par sa volonté, de plein gré, en pleine consience, ce qui est confirmé par sa volonté de vendre cette maison !

– Roland aimerait vendre cette maison. Roland ne peut pas vendre cette maison, non pas à cause des squatters qui l’occupent mais à cause du refus de la vente par la mairie de Toulouse.

C’est donc bien la mairie de Toulouse qui est responsable de la situation de Roland ! Et qui est aussi responsable de ne pas organiser la réquisition des logements vides pour y loger les sans-logis de la ville.

– enfin Roland est un ancien salarié de la Dépêche, ce qui a son importance, vu la grande proximité entre les patrons de la Dépêche (famille Baylet) et le maire de Toulouse (JL Moudenc) et ses réseaux.

UNE HONTE POUR LES TOULOUSAIN.E.S !

– Les squatters sont, en plus de leur situation de grande précarité, victimes d’un coup monté médiatico-politique (la mairie comme Roland étaient bien emmerdés du blocage administratif de cette situation, les squatteurs sont l’occasion en or de faire porter le chapeau à d’autres), victimes de coups de pression et d’agressions de la part de l’extrême droite et des personnes manipulées par cette fake news, et aussi victimes du pugilat public qui est lancé à leur encontre.

– Moudenc a réussi une opération dont il rève depuis des années : expulser un squat, sans intervention délicate pour la police, avec le soutien de « la population » (en manipulant l’opinion publique grâce à ses amis de la Dépêche), des médias et de l’extrême droite (à qui il envoie un message clair de soutien et de coopération)

[même si le message est clair depuis quelques années : l’extrême droite radicale dispose de salles municipales pour leur conférences racistes et est autorisée à manifester dans le centre-ville, manifestations régulièrement accompagnées de passages à tabacs de personnes LGBTQI ou militant.e.s de gauche – il fait bon vivre à Toulouse hein !]

– Moudenc poursuit ainsi son offensive anti-pauvres et anti-« gauchistes » :

après les menaces sur la Grave, la destruction du bleu bleu, la fermeture de Mixart Myris, c’est au tour des squats d’habitat d’être dans le viseur du maire. En fait, depuis sa ré-élection « limite » l’an dernier, tous les lieux qui participent à la vie sociale et la culture alternative, ou qui sont soutiens des luttes sociales, sont attaquées. Cette attaque contre le squat du 83 avenue de fronton s’inscrit dans cette offensive, motivée par un esprit de revanche envers la gauche et les forces progressistes de la ville, et une solide haine de classe.

– Le côté dramatique dans cette histoire, c’est qu’en un claquement de doigts, la Dépêche, les militants d’extrême droite et Moudenc et consorts ont réussi à construire une haine publique contre des pauvres. Des précaires dont le seul tort (au final, une fois la manipulation dénoncée et l’information remise à plat, sans faire pleurer dans les chaumières) est d’occuper une maison vide et à l’abandon (par la faute de la mairie de Toulouse). Bien sûr en les salissant, en les accusant d’avoir mis à la rue un vieil homme isolé (ce qui est un mensonge). Parmi ces personnes, habitués des galères, des mensonges politiciens et de la violence policière et économique, plusieurs ont déjà été expulsé d’autres logements ou squats.

– Pour conclure, Nicolas Boutin s’offre l’exclusivité d’une interview de Jean-Luc Moudenc, pour le journal d’extrême droite Valeurs Actuelles, sur le sujet de l’expulsion « citoyenne » du 83 avenue de Fronton. Ce qui signe et scelle l’excellente relation de l’extrême droite radicale toulousaine et de la municipalité Moudenc. Autant dire que les partisans suprémacistes du « Grand remplacement », et autres membres de GI ou de l’AF, vont continuer à bénéficier du soutien logistique, policier, idéologique de l’équipe Moudenc. Quelle honte et quel danger pour les toulousain.e.s d’avoir un maire autant radicalisé et manipulateur !

APPELER UN CHAT UN CHAT, REFUSER LES FAKE NEWS DE LA DÉPÊCHE ET LA MANIPULATION MÉDIATIQUE, DÉFENDRE SA CLASSE, ÊTRE SOLIDAIRE DES PLUS PRÉCAIRES

Chaque jour il y a dans ce pays des dizaines d’expulsions locatives. Des travailleurs, des mères de familles célibataires, des retraités isolés, qui n’arrivent plus à faire face, qui croulent sous les dépenses, et qui un jour n’arrive plus à payer leur loyer. En quelques semaines, au mieux quelques mois, ces personnes sont expulsées de leur logement, mises à la rue, sans proposition de relogement dignes de ce nom. C’est ça être expulsé, c’est ça être chassé de sa maison (où l’on a passé souvent une vie entière, élevé des enfants, améliorer son habitat).

Ces expulsions sont encadrées par l’état, des policiers en uniforme viennent les faire, les groupes immobiliers propriétaires des lieux s’arment de vigiles et se gavent à longueur d’années sur nos loyers. Mais pour ces gens là, ceux d’en bas, il n’y a pas de « soutiens » qui sont mis en lumière, encouragés ou félicités par les pouvoirs publics et les politiciens, pas d’articles de la Dépêche pour dénoncer l’inhumanité d’une expulsion locative, jamais de cagnotte mise en ligne par un ancien rugbyman professionnel.

Ce qu’il y a en général, ce sont des personnes qui luttent, qui font mouvement et qui créent un rapport de force pour exiger ou obtenir un relogement digne de ces familles au plus vite.

Des fois (souvent) ça ne suffit pas. Il reste alors quelques militant.e.s solidaires qui ouvrent des bâtiments vides pour y loger les familles à la rue. Ces personnes qui luttent pour une vie digne et respectueuse méritent tout notre soutien, ces pratiques de solidarité populaire sont un exemple merveilleux de ce que l’on peut faire pour, vraiment, aider son voisin quand il ou elle en a besoin.

Des logements pour toutes et tous ! Solidarité populaire contre les expulsions !

Honte aux producteurs de fake news et à leur relais politiciens et fachos !

Honte aux miliciens anti-squat, manipulés ou volontaires, qui attaquent les plus précaires d’entre nous ! Avec le soutien des médias dominants, des politiciens véreux, de la police et de la bourgeoisie !

Pour l’autodéfense de classe, prolétaire et populaire !

Affaire à suivre

Comité Marcel Langer – Vigilance Antifasciste – Toulouse

PS :

– dans les militants d’extrême-droite qui se sont mobilisés sur cette affaire, on note la présence de Génération Identitaire (très proche de Nicolas Boutin) et du Rassemblement national. Jusque là nous n’avons pas pu confirmer la présence de membres des Occitaners (organisation criminelle de motards, liée à l’extrême droite radicale et néonazie), ni de l’Action française, bien que plusieurs personnes aient signalé leur participation.

– nous avons appris qu’une attaque a visé un groupe d’anti-squatteurs, alors que ceux-ci souhaitaient « fêter la victoire » de l’expulsion du squat ce samedi 13 février 2020. Cette attaque est utilisée par de vrais militants d’extrême droite (Nicolas Boutin) pour orienter la colère des anti-squatteurs contre les ennemis politiques de l’extrême droite. Une manipulation de plus (coup classique de l’extrême droite qui tient des sites spécialisés dans la désinformation comme Infos Toulouse) qui appelle à une riposte populaire contre l’extrême droite, quelque soit la forme qu’elle prenne.

Avis aux « anti-squatteurs » manipulés : il est encore temps de ne pas s’engager dans des actions ou des idées qui vous amèneront à haïr et à combattre le peuple. Pour les autres, toute action entraine des conséquences.

– quelques liens à lire et réactions solidaires contre la manipulation et l’instrumentalisation des « soutiens à Roland » :

https://iaata.info/Squat-toulouse-variation-de-mise-sous-pression-4637.html/

https://iaata.info/Communique-de-soutien-au-squat-de-l-avenue-de-fronton-4636.html/

https://iaata.info/A-propos-du-squat-route-de-Fronton-et-de-l-affaire-Roland-Solidarite-de-classe-4632.html/

https://iaata.info/Retour-de-baton-pour-la-milice-anti-squat-4640.html

https://iaata.info/C-est-l-histoire-4645.html/

https://iaata.info/Squat-toulouse-variation-de-mise-sous-pression-4637.html/

https://iaata.info/Communique-de-soutien-au-squat-de-l-avenue-de-fronton-4636.html/

https://iaata.info/A-propos-du-squat-route-de-Fronton-et-de-l-affaire-Roland-Solidarite-de-classe-4632.html/

https://iaata.info/Retour-de-baton-pour-la-milice-anti-squat-4640.html

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Ecofascisme : la rhétorique du virus (théorie et analyse)

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Le 10 octobre dernier sur Toulouse, le service d’ordre de la « manif pour tous » a posé devant une banderole. Mais le slogan n’est pas si anodin… car il est en réalité le titre d’un livre fondateur de la pensée écofasciste.

Avec la crise du COVID-19, on à pu voir une importante montée de la mouvance écofasciste dans les groupuscules organisés d’extrême droite. Pour expliquer son histoire et comprendre ces contradictions nous vous proposons l’article ci-dessous paru dans « Organise ! » magasine mensuel de la Fédération Anarchiste Anglaise, traduit par nous soins.

Ecofascisme : la rhétorique du virus (théorie et analyse)

L’histoire de l’écofascisme est assez obscure, mais son origine remonte au mouvement eugéniste, qui lui préexiste et se mêle à une sorte d’affreux déguisement écologiste visant à justifier ses éléments meurtriers. Les écofascistes sont plus ou moins les personnes que Murray Bookchin décrit comme « de soi-disant écologistes profonds qui pensent que les peuples du Tiers Monde peuvent bien mourir de faim et que les immigrants Natifs-Américains en provenance d’Amérique latine peuvent bien être refoulés par la police aux frontières américaines, à moins qu’ils ne portent le fardeau de « nos » ressources écologiques. » Malgré de grands efforts pour maquiller le mouvement, souvent par des appels vibrants au caractère sacré de la nature, à la beauté du monde naturel et à la hideur de la pollution industrielle, les racines de ce mouvement restent indéniables ; l’écofascisme est par essence l’idée que le Monde est malade, et que la maladie est l’humanité. C’est pourquoi l’écofascisme proclame que nous devons faire notre possible pour éliminer autant de gens que possible – ou au moins accepter leur mort – afin que le Monde « guérisse ».

Il serait négligent de ma part d’aborder ce sujet sans mentionner brièvement Thomas Malthus, penseur anglais du XIXe siècle qui argua que « le potentiel de peuplement est tellement supérieur à la capacité de la Terre à produire la subsistance de l’Homme, qu’une fin prématurée attend, sous une forme ou sous une autre, l’espèce humaine. » Ainsi, il avança qu’il y avait trop de gens (ou au moins qu’il y aurait un jour trop de gens) par rapport aux ressources disponibles, ce qui causerait inéluctablement un danger pour l’humanité. La thèse de Malthus, si on la résume à ses éléments fondamentaux, était que la Terre ne pouvait supporter qu’un nombre limité d’individus et qu’il fallait mettre en place une limite quant au nombre de personnes autorisées à vivre. Son Essai sur le principe de population n’est pas le premier écrit eugéniste, mais fait certainement partie de ceux qui ont le plus contribué à populariser ces perspectives. Le point focal de cet essai était que nous ne devrions pas chercher de remède aux maladies, ni de frein à la famine, que nous devrions encourager les pauvres à vivre entassés dans des environnements insalubres et peut-être même « chercher à ramener la peste ». Les absurdités de Malthus suscitèrent une réponse du proto-anarchiste anglais William Godwin, dont le long Traité des populations s’ouvre sur l’affirmation que la théorie de Malthus est « de toute évidence sans aucun fondement ».

Pourquoi écrire sur ce sujet ? Pourquoi écrire sur ce sujet maintenant, du moins ; ne sommes-nous pas en pleine pandémie ? Ne devrais-je pas m’abstenir ? La réponse est simple, quoique sournoise de pureté ; tandis que le monde est encore plongé dans une nouvelle forme de bouleversement en raison du déclenchement et de la diffusion globale du COVID-19, on a pu voir une semblable montée de l’opportunisme destiné en premier lieu à tirer avantage de la peur et de l’inquiétude. De tous les opportunistes, de tous les prédateurs de la peur, l’une des factions les plus importantes a toujours été l’extrême-droite et plus précisément, le mouvement écofasciste. Les réseaux sociaux ont accentué cela, puisque les messages peuvent être diffusés de façon très large à grande vitesse et qu’il suffit d’un partage pour qu’un élément de propagande bien conçu se répande d’un groupe de personnes à une population beaucoup plus importante, qui participera à sa propagation sans pour autant être profondément convaincue par ses fondements. Il est facile pour quelqu’un de se retrouver à partager des idées fascistes sans vraiment le vouloir – mais nous y reviendrons.

Lebensborn
Affiche écofasciste : le symbole en bas à droite est la rune d’Algiz utilisée par les SS pour le programme eugénique du Lebensborn.

L’une des racines les plus pernicieuses de l’écofascisme se trouve dans son prédécesseur, le mouvement eugéniste. Bien que les différences entre les deux soient notables, leurs similarités se trouvent dans leurs tactiques plus que dans leur esprit ; les eugénistes cherchent à sacrifier certains groupes d’individus sur l’autel de la supériorité génétique qu’ils imaginent, arguant que l’existence de tel ou tel groupe constitue une dégénérescence de l’espèce. Les écofascistes cherchent à sacrifier certains groupes d’individus sur l’autel de l’environnement, arguant que l’existence de tel ou tel groupe est une cause majeure du désastre écologique. Pour en revenir à Bookchin, on ne peut ignorer que les groupes dont il est question sont presque toujours les mêmes, dans un cas comme dans l’autre : les personnes pauvres, racisées, handicapées.

Le COVID-19 a amené une bonne partie de cette conversation dans la sphère publique. Alors qu’il est généralement considéré de mauvais goût – à raison – de parler d’infections, de maladies ou de plaies pour faire référence à des groupes de personnes, il semble y avoir une certaine indulgence lorsque le groupe en question n’est pas spécifié. Si on parle de l’humanité en général, ça passe, comme si le flou donnait une immunité éthique. Il est relativement courant aujourd’hui de tomber sur un nouveau tweet viral, aux dizaines de milliers de likes, exposant les eaux claires des canaux de Venise ou un cerf sauvage se baladant sous les néons des centres-villes japonais, et déclarant que la Terre guérit ; les cieux dépollués de Californie sont scrutés avec intérêt – peut-être étions-nous le vrai virus depuis le début ?

Aussi étrange qu’il y paraisse, les réflexions de ce type sont devenues de plus en plus banales au fil des semaines, et les preuves que la nature « reconquiert » des zones autrefois peuplées commencent à s’accumuler. Inutile de dire que plus d’un élément de l’idéologie écofasciste marine dans les sous-entendus de cette question ; lorsque quelqu’un se demande si l’humanité est le « vrai virus », il met en place un système dans lequel la Terre est une entité et l’humanité un problème à résoudre. La solution proposée est rarement exprimée directement, mais ce n’est pas nécessaire car la réponse est dans la question ; on se soigne d’un virus en l’éliminant. Sous l’émerveillement de voir un ours sauvage déambuler sur les pavés italiens, se cache la croyance que le monde se porterait mieux sans nous. Ou, plus exactement, que le monde se porterait mieux sans certains d’entre nous, tout en laissant le subconscient de chacun juger qui ces certains devraient être. Qui que cela puisse être, ce sera assurément quelqu’un d’autre.

Nul besoin d’être un génie pour voir la corrélation entre l’idéal écofasciste et la logique sous-jacente de ce raisonnement.

Il est capital de noter ceci : malgré le fait que les écofascistes partagent beaucoup des implications de la rhétorique « les humains sont le vrai virus », cela ne signifie pas que tous ceux qui ont répandu ou internalisé cette rhétorique sont nécessairement fascistes eux-mêmes. Il peut être difficile de faire la part des choses, tout particulièrement quand tant de choses se passent aussi vite. Les médias modernes aggravent cette difficulté en bombardant la population d’un déluge d’absurdités à peine compréhensibles, composé tout à la fois de simples conjectures, de mensonges éhontés, de déformations et de propagande gouvernementale. Le caractère intuitif des idées de base de l’écofascisme les rend simples à comprendre. Pour un individu qui manquerait d’esprit critique mais qui chercherait des réponses, il peut être facile d’adopter des éléments de cette pensée – cela implique que même des gens qui répugneraient ostensiblement à l’idée de débattre ouvertement d’un génocide, comme les libéraux ou les sociaux-démocrates, peuvent adopter et propager ce mème auto-viral sans réaliser vraiment la dangerosité sous-jacente du concept. Quelle est l’astuce ? Comment une idée aussi horrible peut-elle devenir si naturelle que même des individus relativement fréquentables peuvent la répandre et accepter sa logique de base ?

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Symbole fréquemment utilisé dans la mouvance écofasciste.

Pour le dire simplement, il y a ici une sorte d’arnaque rhétorique, un leurre. On nous répète à longueur de journée que ces exemples de régénération écologique sont le résultat d’une retraite des êtres humains sur le monde ; plus il y a de gens en quarantaine ou confinés, moins il y en a pour causer des dommages environnementaux. À première vue, cela semble avoir du sens ; le fait que cette formulation ne soit pas immédiatement et évidemment un non-sens constitue l’hameçon utilisé par les écofascistes pour attraper le libéral le mieux intentionné. L’astuce est de réaliser que le changement principal n’est pas du tout la présence humaine – le nombre de victimes du COVID-19 est en hausse, ce qui est à la fois tragique et politiquement révoltant, mais le virus n’a pas encore tué les millions, voire les milliards de personnes nécessaires à ce qu’on puisse attribuer le changement à une baisse de la population. Le fait est qu’il y a quasiment autant d’humains sur Terre qu’il y a quelques mois : c’est le comportement de ces humains qui s’est modifié, c’est-à-dire, dans une certaine mesure, nos modes d’organisation sociale.

Les éléments de langage des écofascistes affirment que les humains sont le problème, et que depuis qu’ils sont confinés – autrement dit, retirés du système – on constate une régénération écologique. Une analyse aussi individualiste et atomisée empêche une approche systémique, plus importante que jamais ; le vrai problème est le capitalisme, et c’est grâce aux interruptions et aux vacillements de celui-ci qu’une régénération a pu se produire. Profondément ancrée dans le langage de l’extrême-droite, l’attribution des pires éléments du capitalisme à la simple existence des êtres humains constitue une arme à double-tranchant.

Tout d’abord, cela leur permet de déverser leur venin sur les individus. La question du choix desdits individus est bien sûr déjà résolue : en l’occurrence, le virus a déjà été racialisé par la droite en tant que « virus chinois », une formulation horrible qui a amené une hausse du racisme anti-Chinois et (comme on peut le constater en lisant la une de plusieurs grands journaux) un désir de châtiment. S’en sont suivis des débats dans les milieux supposément de gauche et libéraux : un recueil d’essais publié récemment par l’initiative éditoriale ASPO porte le titre Sopa de Wuhan, « Soupe de Wuhan » et contient des textes écrits par le casting habituel des penseurs de gauche et libéraux : Slavoj Žižek y fait une apparition, aux côtés de Georgio Agamben, Judith Butler, David Harvey et Franco Berardi. Deuxièmement, cela leur permet d’insinuer une connexion entre les deux; de faire le lien entre l’existence du capitalisme et l’existence d’individus, et de les associer idéologiquement ; de présenter le capitalisme comme intrinsèquement humain et ainsi inévitable, inéluctable.

On dit depuis longtemps que l’un des pires élans du capitalisme, et celui qui détermine le plus son espérance de vie, est celui qui requiert une croissance et une expansion continuelles. Le capitalisme, et c’est un euphémisme, est cupide et exige toujours davantage ; plus de production, de plus grands marchés, plus d’usines, plus de profit, et par là même plus d’extraction, plus de gaspillage, plus de carburant, etc. Cette tendance est laissée entre les mains de gouvernements et d’entreprises qui y cèdent aussi souvent et aussi gratuitement que possible. Le COVID-19 est un virus, il ne doit rien au capitalisme, et par conséquent il n’a que faire que sa prolifération lui mette des bâtons dans les roues. Les gens se confinent, la quantité de travail accompli diminue ; « on ne saisit pas bien dans quelle mesure l’humanité en pâtirait si soudainement disparaissaient les investisseurs en capital, les lobbyistes, les chargés de relations publiques, les actuaires, les spécialistes en télémarketing, les huissiers et autres conseillers juridiques », écrit David Graeber dans son ouvrage Bullshit Jobs, et le confinement généralisé à répondu à cette question tacite : l’humanité n’en pâtirait pas. Ces métiers sont complètement superflus et l’on pourrait parfaitement s’en passer ; une bonne partie du travail effectué mondialement a pour seul but de garder les gens occupés, et il est devenu clair comme de l’eau de roche que cette occupation ne fait pas de bien à la majorité des gens.

Mieux encore, avec le confinement et la fermeture de tant de lieux de travail, le nombre de voitures sur les routes chute, la quantité de carburant consommé chute, ce qui résulte en un rebond écologique. Mais nous savons tous, et les anarchistes soutiennent cette idée depuis longtemps, que personne n’a besoin de mourir pour que ce genre de choses se produise. La constatation que le monde a commencé à « guérir » depuis le début du confinement serait prématurée – on ne « répare » pas l’environnement en quelques semaines – mais il est difficile de ne pas admettre qu’un air manifestement plus pur ne fait pas au moins un peu de bien. Il serait tout à fait imaginable de se passer des millions de voitures qui sont chaque jour sur les routes et de les remplacer par de meilleures formes de transports en commun, qui serviraient à plus de gens et réduirait grandement les dommages environnementaux. L’abolition de métiers absurdes et la restructuration du transports ne sont que deux exemples d’améliorations de nos vies qui soient à la fois réalistes et faciles à mettre en place ; nous avons simplement besoin de réorganiser notre société.

Il y a un peu plus de 10 ans, l’écrivain, théoricien et critique musical britannique Mark Fisher publia le désormais classique Le Réalisme capitaliste, une tentative de diagnostiquer et décrypter l’environnement culturel du capitalisme moderne et de commencer à envisager des moyens d’échapper à son emprise. Pour résumer une histoire déjà courte – Le Réalisme capitaliste est un très bref ouvrage – Fisher avance l’idée que la perception du capitalisme a fusionné avec la « réalité » de telle sorte qu’il est plus facile d’imaginer la fin du monde que la fin du capitalisme ; que le capitalisme est « la seule option possible ». Il énonce également que l’une des meilleures manières de montrer à quel point ce type d’organisation sociale est artificielle et potentiellement transformable consiste à regarder les crises flagrantes qui déchirent le voile du réalisme capitaliste. Fisher a choisi, en 2009, de prendre pour exemple les problèmes de santé mentale, la bureaucratie et la catastrophe environnementale à venir. Aujourd’hui, ces menaces sont encore plus graves, les questions de santé mentale ayant été largement ignorées, et les horreurs apocalyptiques du changement climatique pesant sur nous avec toujours plus de rage. Il est désormais chose commune de voir les statistiques démontrer que de grands pans de la population souffrent de dépression, d’anxiété et d’une foule d’autres troubles. De la même manière, il n’est pas inhabituel d’allumer le journal télévisé ou (plus probablement) d’ouvrir Twitter et de découvrir qu’un nouveau feu de forêt a encore ravagé un pays ou un autre, ne laissant que des forêts fumantes et des cadavres encore chauds.

Toutefois, nous pouvons encore ajouter un autre exemple à la liste des choses qui soulèvent le voile et exposent les rouages à l’œuvre en coulisses : le COVID-19 a prouvé qu’une pandémie pouvait avoir les mêmes effets qu’un feu de forêt. Tout à coup, un mode de vie supposément irremplaçable est mis de côté ; des emplois prétendument vitaux perdent tout leur sens tandis que les open-spaces et les bureaux de direction sont abandonnés et que de très nombreux travailleurs perdent leur emploi ou commencent à travailler depuis chez eux – des travailleurs qui étaient jusqu’ici traités en boucs émissaires ou ignorés et méprisés au titre de subalternes ou de professions non-qualifiées sont désormais des « travailleurs essentiels » sans qui aucun pays ne pourrait tenir. C’est, bien entendu, le message que les anarchistes et la gauche en général soutiennent depuis plus d’un siècle ; une grande partie du travail que nous faisons est inutile, et une grande partie du travail utile est rabaissé et sous-payé.

Christchurch
La couverture du manifeste écrit par l’auteur du massacre de Christchurch le 15 Mars 2019 en Nouvelle-Zélande, qui fit 51 morts et 49 blessés. Dedans l’écofasciste y est présenté comme un pilier de sa pensée et une des raisons de son passage à l’acte. On notera le symbole ésotérique nazi du « soleil noir » en son centre.

Vu sous cet angle, il devient évident que le cadre écofasciste dans lequel tout humain fait partie d’une maladie planétaire est vicié depuis le début. De la même manière, la version diluée de leur discours – celle qui se trouve largement diffusée, majoritairement par des personnes de bonne foi – est basée sur une confusion entre un système social et les individus qui le composent. L’épidémie de COVID-19 a, pour en revenir à Mark Fisher, balayé la plupart des affirmations selon lesquelles il n’y aurait aucune alternative à notre système actuel, en révélant toutes sortes de « fractures et contradictions dans le champ de l’apparente réalité » qui rendent sa contingence et sa fragilité encore plus évidentes. Quoi que le gouvernement et le consensus populaire nous incitent à penser, il est impossible de voir ainsi un monde où la main d’œuvre chute aussi drastiquement sans affecter aucun service essentiel, et ne pas imaginer que les choses pourraient fonctionner différemment.

La droite et l’État ont bien sûr déjà tiré avantage de cela ; les opportunistes, dont nous parlions plus haut, sont à la pointe dans ce genre de situations. Partout dans le monde, les gouvernements ont saisi l’occasion pour augmenter les pouvoirs de la police, imposer des mesures de confinement et des sanctions pour les personnes qui sortiraient trop souvent ; la Hongrie a déjà réussi à basculer dans la dictature pure et simple, en utilisant la pandémie comme accélérateur de l’ardeur fanatique d’Orbán. Tandis que les discours politiques se modifient en surface, entraînés par le séisme qui vient de dévoiler les fissures de plusieurs décennies de néo-libéralisme, la droite tente par tous les moyens d’atteindre ses propres objectifs ; la gauche devrait faire la même chose. Elle a indéniablement commencé – plusieurs grèves de loyers ont éclatés dans différents pays ; les employés de General Electric ont exigé que leurs entreprises se reconvertissent dans la fabrication de ventilateurs, et des réseaux d’entraide ont émergé par centaines. Celles et ceux qui ne s’intéressaient pas à la politique se sont rendu compte que la politique s’intéressait de près à eux, et la mainmise déjà affaiblie qu’avait le centre sur le discours dominant s’est encore réduite.

On ne peut, cependant, se permettre de croire qu’une crise, accompagnée d’une petite grève des loyers, mettra fin au capitalisme ou à l’État. Si ces systèmes ont une qualité, c’est en ce qu’ils ont démontré une remarquable ténacité et une capacité à survivre à presque n’importe quelle catastrophe. Les anarchistes ne peuvent pas attendre de l’État qu’il s’effondre sous le poids de ses propres faiblesses ; il faudra l’abattre. Les réseaux d’entraide sont un fantastique point de départ, bien que beaucoup aient dû affronter des dysfonctionnements internes en raison de partis politiques cherchant à en faire des structures hiérarchiques. La solidarité ouvrière grondant pendant les grèves, le retour de bâton envers les propriétaires fonciers, sont aussi d’excellents débuts. Mais le véritable changement ne se met pas en marche après quelques bons augures ; il nécessite une opposition croissante et continue à l’État. Le COVID-19 a déchiré le voile du réalisme capitaliste ; ce que nous savions depuis longtemps – que les choses pourraient être différentes – est désormais largement connu de ceux dont la vie a basculé suite à cette pandémie. Les anarchistes et le reste de la gauche ne peuvent laisser des pistes inexplorées, ni prendre le risque de les voir récupérées par la droite, y compris en ce qui concerne l’écologie.

Depuis des années, la catastrophe écologique a été l’un des quelques accrocs indépassables de l’hégémonie capitalistes. Depuis des années, cette menace se rapproche, les informations devenant de plus en plus alarmantes ; les scientifiques émettent de sinistres prévisions de fin du monde depuis longtemps, et il y a peu de raisons de douter de leur légitimité. Les dommages du capitalisme sont à portée de vue de n’importe qui. Voir l’état des plages, les interminables étendues de forêts déboisées, les espèces qui disparaissent les unes après les autres ; tout cela est incontestable pour quiconque examine les preuves de bonne foi. Le capitalisme est à un niveau d’auto-contradiction extrême sur le sujet de la durabilité écologique. Pour les écofascistes, ce fut un jeu d’enfant d’associer ces évidences avec le COVID-19 pour aboutir à une forme de pulsion auto-destructrice hippie ; au coeur du fascisme réside un désir de mort – comme l’écrivit le philosophe français Gilles Deleuze, c’est « une machine de guerre qui n’a plus que la guerre pour objet ». En usurpant le langage des environnementalistes, les écofascistes ont trouvé un moyen de masquer la violence et la misanthropie assumée de leur idéologie, mais ce n’est rien d’autre que cela : un masque. La base du fascisme est « un mouvement de pure destruction », pour en revenir à Deleuze, et toute tentative de faire croire que son but réel est la durabilité écologique est d’une absurdité criante. Le seul véritable environnementalisme est libertaire.

Ce que le mouvement anarchiste doit imposer, à chaque fois que possible, c’est la réalité de la situation : le COVID-19, et la réorganisation de la société qui en découle, n’ont pas prouvé que l’humanité est une malédiction dont il faut se débarrasser ; ils ont prouvé que le capitalisme n’est rien d’autre qu’une série de choix et de structures que nous construisons et renforçons chaque jour, et que ces choix peuvent être faits différemment ; ces structures peuvent être détruites. Revendiquons idéologiquement ce moment et ces apparentes régénérations écologiques, mais revendiquons-les correctement ; s’il y a quelque chose à sacrifier pour la santé de la planète et de ses habitants, c’est le capitalisme.

A propos de l’auteur : Jay Fraser est un anarchiste, poète, philosophe amateur et fan de basketball. On peut le trouver sur Twitter, ou dans n’importe quel endroit où il y a du bon café.

Ce texte est une traduction en français par l’U.A.T d’un article paru dans « Organise ! » magasine mensuel de la Fédération Anarchiste Anglaise.

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Convocations abusives de militant.e.s syndicaux

Sept personnes, dont cinq pour garde à vue, sont convoquées lundi 21 septembre à 10h, pour des faits supposés avoir été commis, le 9 février 2020, lors d’une diffusion de tracts du RN, parti qui véhicule des idées xénophobes, sexistes, homophobes…, sur un marché toulousain dans le cadre des élections municipales.

Laure, Maïlys, Nicolas, Léo etc… voient leurs vies bouleversées, cinq d’entre eux ne pourront être devant leurs élèves ce(s) jour(s) là. Alors que les faits supposés relèvent d’il y a sept mois, elles et ils ont reçu leur convocationseulement quatre jours avant leur garde à vue. Aucun contrôle d’identité n’ayant eu lieu ce jour-là, comment ils/elles ont pu être incriminé.e.s? Dans le contexte actuel, est-ce la priorité de l’Etat de donner suites à des allégations du RN ? Toutes les occasions sont saisies pour tenter d’intimider des militant.e.s syndicaux !

Les organisations signataires appellent à un rassemblement devant le commissariat central(métro canal du midi), ce lundi à 12h, pour exiger la libération immédiate des gardé.e.s à vues et l’abandon de toutes poursuites.

Premières signataires : CGT Educ’Action 31, Act up Sud Ouest, BAF, UD CNT 31, CNT Santé Social Education 31, CSR 31, DAL 31, Ensemble 31, Eunomia, groupe Libertad de la FA ,FNECFP FO 31, SNUDI FO 31, FSU 31, JS 31, NPA 31, PG 31, Secours Rouge Toulouse, US Solidaires31, Sud Education 31, Sud Santé Sociaux 31, UAT, UET

Edit : finalement tout le monde s’est vue notifier une garde à vue. 6 d’entre elleux ont été libérer avant la nuit, mais 1 camarade a passé la nuit au poste et reste poursuivit.